Quand les mots peuvent prévenir…
Le Dr Maxime Sodji, chirurgien spécialiste de l’obésité, lance son projet « Prévenir autrement » destiné à lutter contre les addictions et les troubles alimentaires chez les adolescents. Une démarche innovante fondée essentiellement sur des témoignages qui débute vendredi 15 décembre au lycée Suzanne Valadon à Limoges.
Comment vous est venue l’idée du projet « Prévenir autrement » ?
Maxime Sodji : « J’ai opéré plus de 4000 patients et aujourd’hui j’ai le sentiment que les choses ne bougent pas sur le plan de la prévention. Il est urgent de jouer un rôle en amont, autrement. En effet, la plupart des personnes que je vois à 40 ans dans un état d’obésité morbide, me disent qu’ils ne savaient pas qu’il fallait bouger, qu’ils n’avaient jamais eu d’informations sur les méfaits de la sédentarité et d’une mauvaise alimentation. Actuellement 10 % des obèses en France sont des adolescents, je fais donc cela pour que dans 20 ans personne ne puisse dire qu’on ne savait pas et c’est d’ailleurs tout l’intérêt des témoignages des anciens patients qui nous accompagnent dans ce projet…
Quelle est la démarche ?
M.S : L’idée est de ne surtout pas donner de leçons. On vient rencontrer les jeunes avec des gens qui parlent de la vraie vie ! Des anciens patients témoigneront de leur expérience et de leurs difficultés au quotidien, des sportifs des risques liés à la sédentarité et ainsi, il sera facile d’enclencher une réflexion sur l’équilibre alimentaire et sur l’image du corps avec une sociologue qui sera à nos côtés et avec l’équipe de prévention du CHS Esquirol. Une association telle que Diablim viendra également parler du plaisir qu’on peut avoir à manger de bons petits plats et ce, même quand on est diabétique avec des contraintes importantes.
On ne parlera pas de régime ou d’interdits alimentaires ?
M.S : Surtout pas ! Le maitre mot du projet est : plaisir ! Pour moi, tout ce qui se fait avec plaisir n’est pas dans l’excès. On peut déguster un hamburger, aller au fast-food, se faire plaisir de temps en temps, mais pas tous les jours. De même, on peut faire du sport régulièrement sans pour cela tomber dans l’addiction. Nos interventions se fonderont sur une enquête menée en amont sur 120 lycéens à qui nous avons posé des questions sur leur habitudes de vie et alimentaires. Parallèlement, nous leur avons confié des podomètres qu’ils ont portés sur eux durant deux semaines afin de connaitre leur activité physique. Ceux qui obtiendront le meilleur score gagneront des places pour un match du CSP.
Pourquoi avoir autant d’intervenants ?M.S : Il s’agit avant tout d’un projet innovant, collectif et transversal car les troubles alimentaires et les addictions chez les adolescents concernent tout le monde : secteur public, privé, associations, clubs sportifs… c’est en unissant nos forces que nous serons efficaces et que nous pourrons changer les mentalités. Dans toutes les lettres de motivation que m’apportent mes patients avant leur opération, ils abordent les moqueries dont ils ont fait l’objet depuis leur enfance ou leur adolescence. Ce sont les mots qui font le plus mal mais ce sont les mots aussi qui peuvent guérir. C’est pourquoi, en introduction des interventions, un court-métrage réalisé par des jeunes sera diffusé, l’occasion pour eux d’enclencher le débat sur leurs préoccupations quotidiennes avec leurs mots… et leurs maux !
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SODJI Maxime.